Ebook Télécharger Sociologie générale : Volume 2, Cours au Collège de France (1983-1986), by Pierre Bourdieu

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Sociologie générale : Volume 2, Cours au Collège de France (1983-1986), by Pierre Bourdieu

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Détails sur le produit

Poche

Editeur : Points (12 septembre 2019)

Collection : Points Essais

Langue : Français

ISBN-10: 275787408X

ISBN-13: 978-2757874080

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Pierre Bourdieu poursuit et parachève, avec ce second volume (énorme au double sens), l'exposition des concepts et opérations de sa sociologie.Il le fait en entremêlant théorie et empirie, en procédant à des reprises thématiques, mais saisies comme en spirale, et en ouvrant à de nouvelles perspectives. Sur près de 1200 pages, il développe ses concepts majeurs, auxquels s'attèlent d'innombrables autres concepts "annexes". Il fait ainsi tenir ensemble, dans l'analyse, les concepts de capital (culturel et symbolique), de champ et d'habitus. Il renouvelle, amplifie et complexifie les analyses acquises du premier volume. Les Séminaires, qui alternent avec les Leçons, privilégient les études de cas, celles du champ du pouvoir, des œuvres littéraires (Kafka, Woolf, Beckett) et du champ artistique (la révolution impressionniste), sans que ne soient jamais évacués - Bourdieu oblige! - les problèmes méthodologiques et sociaux liés à la construction de l'objet, lesquels sont saisis par un constant, essentiel et vertigineux retour réflexif sur la sociologie en tant que science et le sociologue en tant que savant et agent social. Dialogue critique constant et exigeant, comme dans l'incomparable 1er vol., avec la tradition philosophique (Sartre, Leibniz, Platon, Kant, Hegel, Wittgenstein, Heidegger, Nietzsche, Althusser, Foucault, Kripke...) et la tradition sociologique (Weber, Durkheim, Marx, Mauss, Schutz, Elias, Goffman, l'ethnométhodologie...), avec l'anthropologie (et d'abord Lévi-Strauss), ou encore la linguistique (Saussure et surtout Benveniste, avec la notion de fidēs superbement explorée). Sur les terrains du philosophe (ou de l'historien), PB est toujours original et rafraîchissant, car il porte à la question son impensé. Dans le cas de la philosophie, il met au jour ses apories, ses antinomies, déconstruisant ses fictions et le halo d'illusions qui entoure les formes transcendantales et essentialistes. À l'instar de la démarche d'un Wittgenstein ou d'un Nietzsche. Du reste, il existe une grande affinité de posture intellectuelle décapante entre Nietzsche et PB: en dégageant, toujours et partout, le jeu recouvert des pouvoirs/intérêts, y compris pour les "régimes de vérité" en vigueur dans les sciences, PB n'est-il pas à la sociologie ce que le marteau de Nietzsche est à la tradition philosophique?... Passionnante est la partie dédiée à l'interprétation de la poïesis et de la mimesis grecques (et plus largement la dichotomie oral/écrit), qui sont envisagées, à la suite de Havelock Ellis, dans un sens très moderne de la corporéite, du mime, de la danse, de la possession. La critique des présupposés méthodologiques (et idéologiques) du structuralisme ainsi que de la théorie économique des "décisions rationnelles" (qui influence l'individualisme méthodologique de Boudon), est lumineuse et hautement pertinente. Certains cours sont d'une rare maestria, d'autant que l'orateur improvise à demi! Ce qui ne veut pas dire que les analyses de Bourdieu sont simples et faciles à entendre... pour des raisons intellectuelles et sociales -- sur lesquelles il s'attarde. Fort convaincante également est la reprise de l'importante thématique du sens pratique, dont la logique contraste avec la skholè (loisir/école), c'est-à -dire avec la posture théoriciste, dégagée des urgences et surplombant les ancrages, qui conduit à des biais. Cette notion nouvelle sera approfondie et généralisée dans les Méditations pascaliennes.Un axe empirico-théorique trame l'ouvrage: la problématique du champ du pouvoir. Elle est envisagée dans des cas spécifiques: champs journalistique, intellectuel, artistique, juridique, politique. Ces champs sont conçus comme autant d'espaces dynamiques de jeux structurés/structurants, plus ou moins autonomes et différenciés. Ils sont structurés par le volume et le type de capital et par les luttes qui s'y déploient; les agents y trouvant de l'intérêt à jouer le jeu, avec leurs investissements de tous ordres (illusio). S'il y a une forme transcendantale chez PB, ce serait peut-être son couplage champ/habitus comme condition sociohistorique de possibilité des pratiques. Toutefois, on aurait affaire à une transcendance immanente -- à la société-Dieu, à l'histoire (cf. ce que PB dit de Durkheim et Hegel). À la semblance de l'épistémè de Foucault qui a pu inspirer à Bourdieu, si l'on en croit un propos dans ce volume, sa notion de "espace des possibles". Sont abordés et problématisés les thèmes, afférents au champ du pouvoir, des classes sociales, des classements, de la domination, des formes et circuits de légitimation, de la (re)connaissance/méconnaissance des pouvoirs, du nomos (loi/division légitimée), de la force des formes, ou de la perception sociale...Les deux tomes de Sociologie générale de PB constituent un excellent épitomé de sa sociologie, à lire et relire.Les 150 premières pages m'ont paru un peu sèches. Mais la "machine" intellectuelle Bourdieu s'élance à la suite, curieusement à la faveur des questions des auditeurs auxquelles il répond avec brio.Index nominal et thématique utile. De même que les nombreuses notes informatives. Encore trop de coquilles (+ ou - 25!) dans ce volume, y compris des erreurs grossières qui incombent aux organisateurs, malgré leur immense travail éditorial (p. 905 note 2 à propos de l'écart entre les dates de naissance de Bergson et Proust!); ou même tel ajout entre crochets discutable, inséré afin de rendre compréhensif le propos de PB (p. 604: "Il /i.e. le poète archaïque\ était notamment celui qui, au nom de la tribu, donnait un sens [au monde, aux évènements (?)]" -- il nous paraît plus plausible que, ici, PB se réfère aux "mots", car est transparente l'allusion à la formule mallarméenne, ce qu'étayent les deux premières phrases situées juste après le sous-titre qui vient à la suite [d'autant que cet emprunt est déjà présent, pour éclairer une logique similaire, dans P. Bourdieu et Mouloud Mammeri, "Dialogue sur la poésie kabyle", ARSS, 1978, n° 23]).D'aucuns regretteront la limitation (réduction?) de la complexité du monde social, et de ses sous-espaces, à un jeu de luttes et de di/visions; ou bien la limitation de la nature et de la fonction de l'Etat (ce point de vue des points de vue sans point de vue) à une sorte de "banque centrale" d'accréditation du pouvoir symbolique et de certification. Mais tant les injonctions comme la pratique de la sociologie de Bourdieu nous invitent à la comparaison, à la nuance, à la complexification.Quoique plus faiblement structuré que dans le premier volume, le raisonnement demeure néanmoins bien tenu dans le second. Sa lecture est obligatoire, malgré quelques redites factuelles résultant de l'oralité. Malgré aussi la roideur de certaines analyses et peut-être l'abus (ici et ailleurs) du recours à l'étymologie gréco-latine, que traduit (trahit?) un habitus de normalien socialement clivé et culturellement désaccordé, cédant aux dehors rhétoriques, à effet de scientificité et de "distinction", d'une culture scolaire classique, "classante" et légitimante. De tels "jeux" sémantiques sont en outre hérités, quoique différentiellement, des lectures de Benveniste et Heidegger. Encore que chez Bourdieu, contrairement à ce dernier, l'étymologie n'a pas de vertu explicative en soi, dans la mesure où il la recatégorise sous la forme d'un concept, comme dans la resémantisation sociologique des notions d'habitus, de skholè ou de nomos.

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